La Descente aux Enfers

Je me tiens depuis toujours sous l’orage démentiel
Celui qui fouette ma conscience de ses pluies torrentielles
Et les pieds dans la boue près de l’abrupte pente
Je considère, l’œil fou, l’allure des dalles glissantes

La chute viendra bientôt, m’emportant à sa suite
Sans espoir de salut, de délais ou de fuite
À genoux dans les miasmes du gouffre qui m’attend
Recouverte de ce pus fétide colporté par le vent

Et la poix gommante
Visqueuse et écœurante
Me colle à la peau, froide et sans merci
Comme des vêtements trempés, pesants sous la pluie

Le ravin maudit m’avale et m’accueille en son sein
Ses parois trop hautes, inviolables: mes Gardiens
Sous la tempête, là-haut, il n’y a que pénombre
Éternelle nuit sans lune noyée d’encre sombre

Tout au fond de la faille, les yeux de mes démons brillent
Alors que dans la vase, je patauge et vacille
Et que la brume opaque se transforme en miroir
Me renvoyant mes Ombres sans échappatoire

Elle sont là, nées de moi-même, impitoyables vigiles
Me défiant du regard, comme une proie trop fragile
Au pied du mur, pourtant, je résiste et me dresse
Elles ne me vaincront pas sans tester mon adresse

Car si le cobra frappe de ses crocs venimeux
Et que le scorpion m'entraîne vers ses jeux dangereux
Je me souviendrai aussi que leurs armes sont les miennes
La danse, assurément, en vaudra la peine

Sous leurs assauts incessants et toujours renouvelés
J’avancerai malgré tout d’un pas mal assuré
Chacun d’eux, cependant sera comme une victoire
Temporaire, certes, mais pas illusoire

S’il devient enfin clair que fuir n’est pas une option
Que je resterai prisonnière de mes propres bas-fonds
Je me battrai malgré tout pour imposer ma loi
À ces Ombres, à ces fous, parasites de ma voix

Par survie, s'il le faut, je porterai la couronne 
Qui me marque en ces lieux comme mi-ange, mi-démone
Je ferai mon domaine de ces ombres et chimères
Comme une chitine menaçante sur un cœur de lumière 

Et si la peur me pèse, et l'espoir m'abandonne 
Je serai dans ma Nuit cette étoile qui rayonne
Car je suis finalement ce que mes démons craignent
Envers et contre tout, c’est la clé de mon règne! 

Un commentaire sur “La Descente aux Enfers

  1. Ce poème se veut le reflet de mon combat quotidien contre la dépression. C’est une compagne noire et sournoise qui ne vous quitte jamais réellement, mais qu’il est possible d’apprendre à déjouer, parfois. Avec le temps, la satisfaction de la voir se heurter contre notre force de volonté parvient à l’occasion à pallier l’énergie qu’elle nous sape sans relâche. On apprends à tenir compte du fardeau qu’elle impose, et à composer avec son rythme lancinant et incertain. C’est une partie de moi que je chéris peu, mais qui m’a indéniablement fait grandir, en me poussant au bout de mes forces, bien au-delà de mes limites. Il s’en est parfois fallu de peu, mais je garde tout de même la fierté de pouvoir dire que je suis toujours debout. On ne me fera pas taire sur ce point: personne ne me convaincra d’avoir honte de combats que j’ai su gagner.

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